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Manifestation du 5 juin : ils ont dit… : Boubou Lah : « La démission du président n’est même pas la solution à l’heure actuelle… »

Cette manifestation n’est pas qu’une histoire de Dicko. Chacun sait que l’Imam Dicko se trouve habituellement à la mosquée. Mais si tout le monde s’est retrouvé auprès de lui en dehors de la mosquée, c’est que ce n’est pas aussi une histoire de mosquée, mais plutôt de la nation.

 

La situation actuelle du Mali est telle que seul l’Imam Mahmoud Dicko a la solution. Il avait de bonnes relations avec le président IBK, mais il a préféré sacrifier cette relation pour s’arranger du côté de la population. C’est d’ailleurs cette confiance qui explique ma présence à cette marche aujourd’hui. D’habitude, je ne m’expose jamais lors d’une manifestation de la sorte. En effet, j’estime que le but de la marche d’aujourd’hui est de mettre la pression sur IBK et son équipe pour qu’ils apportent un changement dans la gestion actuelle de l’état. Dans le temps, IBK même avait demandé à ATT de démissionner. Mais cela a été sans effet.

Le collectif des partis de l’opposition aussi avait demandé à l’époque, la démission d’Alpha Oumar Konaré. Pis, il l’appelait Monsieur Alpha puisqu’il ne le reconnaissait pas en tant que président, mais cela ne lui a pas empêché de faire dix ans à la tête du pays. Tout ça pour dire que la question de la démission du Président n’est que des mots, un moyen de pression sur le régime.

La démission du président n’est même pas la solution à l’heure actuelle, car ça va créer un vide constitutionnel sachant bien ce que vont exiger les organisations et la communauté internationale juste après la démission. Dans notre constitution, celui qui doit remplacer le président dans de telles circonstances est le président de l’Assemblée nationale, une personnalité qui est autant décrié que le président de la République. Donc, je pense qu’on doit imposer à ce que le gouvernement qui va être formé soit un gouvernement de consensus et que l’Assemblée nationale soit également dissoute en organisant une nouvelle élection pour élire des députés légitimes. Une modification doit être également portée à la cour constitutionnelle du Mali tout en mettant clairement de côté Manassa pour la présidence.

Honorable Abdoul B. Diallo, élu Ansongo sous la couleur URD : « Je pense que le changement est une nécessité aujourd’hui au Mali »

Je suis là pour dire que rien ne va dans ce pays. Des gens sont en train de mourir par centaines, hommes et femmes ; l’économie est en train de s’effondrer ; les boutiques sont en train de se fermer les unes après les autres ; l’école est fermée depuis plus de six mois ; pas d’eau, pas d’électricité ;   rien ne peut montrer que demain sera meilleur. Donc, je suis venu dire qu’on « en a marre ». Il faut qu’on danse sur un autre pied. Je pense que le changement est une nécessité aujourd’hui au Mali et seuls les imbéciles ne changent pas. À ceux qui craignent la dégradation de la situation actuelle du pays, moi je vois d’alternative. Au moins s’il y’avait un minimum d’espoir pour demain, j’allais dire que le président reste, mais malheureusement d’année en année, on s’enfonce plus. 2018 était mieux que 2019 et 2019 était mieux que 2020. Qu’est-ce qu’on attend encore ? Si c’est vraiment lui le problème, il faut qu’il cède la place pour qu’on essaye un autre et si ce dernier ne donne pas également, on le met de côté lui aussi.

Maitre Demba Traoré, secrétaire à la communication du bureau exécutif national de l’URD : « IBK doit démissionner puisque le pays est déstabilisé »

Aujourd’hui, nous sommes venus sur la place de l’indépendance pour demander en un mot la démission du président de la République Ibrahim Boubacar Keita. Il a mal géré le pays. Aujourd’hui notre pays va très mal, car nous n’avons pas d’école, le système de santé est défaillant. Pis, le gouvernement a menti au peuple en le faisant croire que la sécurité était revenue pour organiser les élections. Et une des conséquences de ce mensonge est l’enlèvement de notre président Soumaïla Cissé. Le chef de file de l’opposition qui, depuis son enlèvement, on est sans nouvelle et on ne sait pas non plus l’identité de ses ravisseurs. Une chose qui est inquiétante et très humiliante pour notre pays. Je pense que durant les sept ans de règne d’IBK, le Mali n’a connu que de recul, sans compter les nombreuses pertes en vies humaines civiles et militaires. C’est inacceptable, on ne peut pas continuer sur cette voie sachant que quand on est élu, c’est pour l’honneur et le bonheur de l’ensemble du peuple et c’est pour cet honneur et bonheur que le président doit démissionner aujourd’hui. IBK doit démissionner puisque le pays est déstabilisé, personne ne peut circuler librement et personne n’est à l’abri de quoi que ce soit aujourd’hui. Vous voulez qu’on attende quoi pour réagir ? Qu’on finisse d’enterrer tous les Maliens ? Mais non, je pense qu’aujourd’hui la situation est plus que catastrophique. Si le commandant n’est pas à hauteur de mission, on ne doit pas attendre que le bateau coule avec tout le monde. C’est pourquoi on est sorti aujourd’hui, pour raccorder le tissu social et la paix sociale ébranlés par le régime d’IBK. Nous sommes là pour sauver ce qu’on peut sauver. Le niveau de déstabilisation du pays est de telle sorte que si le président gracie des prisonniers à Bamako, de l’autre côté du nord également on gracie. Vous avez vu ça sous quel régime si ce n’est pas seulement sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keita ? Donc je pense qu’aujourd’hui, il faut que nous soyons conscients de la réalité qu’il ne faut pas avoir peur, il ne faut pas non plus se faire peur, il faut juste se dire la vérité. Aucune nation ne peut se construire dans le mensonge. Aucune nation ne peut se construire dans la mauvaise gouvernance. C’est pourquoi cet exercice démocratique bien justifié dans le fond que dans la forme par tout ce public présent. Et si le Président aime bien le Mali comme il le dit et s’il porte les Maliens dans son cœur, il faut qu’il reconnaisse qu’il a vraiment échoué. Cela est humain puisque tout ne peut pas réussir à tout le monde. Il a essayé de régler le problème des Maliens, mais il n’a pas réussi. Donc, il faut tirer les leçons quand il est temps. Le Mali est assailli de tous les côtés, nous sommes devenus la risée du monde entier. Nous avons même honte de dire que nous sommes des Maliens aujourd’hui. Donc il doit partir.

Dr Alassane Diarra, membre de l’espoir Mali Koura : « On va faire la pression jusqu’au nettoyage du système »

Nous sommes la première structure qui a fait une conférence de presse le 14 mai dernier pour dénoncer tous les maux de la République. Et c’est nous qui avons demandé de mettre fin à ce système qui ne se limite pas au régime d’IBK seulement, mais à l’ensemble du système qui a commencé depuis 1991 à maintenant. Il faut aller à une quatrième république et amener le Mali dans le concert des nations. Cette manifestation et celle de 2012 sont bien différentes, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens. En 2012 c’était un coup d’État militaire qui a mal tourné alors qu’aujourd’hui, c’est un évènement murement réfléchi par des femmes et des hommes qui ont eu le courage de dénoncer le système et de demander le départ du président avec tout le système. Et nous sommes toujours dans cette logique, faire partir IBK et installer de vraies institutions plus crédibles qui vont dans le sens de la nation, des hommes et des citoyens. Quand on parle de la première institution, ça veut dire qu’aucune autre institution ne sera épargnée. Mais, ça se fera dans la règle de l’art de façon républicaine et démocratique. On va faire la pression jusqu’au nettoyage du système. De ce fait, je demande aux Maliens de se calmer et de ne pas céder à la panique. Le Mali va changer et dans le bon sens. Le Mali est un pays riche, un pays d’honneur et de dignité, mais pour que cela revienne, il va falloir changer tous les paradigmes et faire valoir les valeurs endogènes du Mali. Des valeurs qu’on a tendance à oublier au profil d’autres qui ne sont pas les nôtres.

Rassemblés par Mamadou Diarra et Issa Djiguiba 

Le Pays

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